Auteur/autrice : Damien RAUCH

Article des DNA du 07 avril faisant suite à la présentation du baromètre social aux agents

DNA – Eurométropole et Ville de Strasbourg.

Baromètre social : des politiques « illisibles » pour des agents désorientés

MSK Le 7 avr. 2022 à 19:36

Conscient d’un mal-être dans ses services, l’exécutif de l’Eurométropole a fait réaliser un audit interne. Les résultats, partiellement diffusés ces derniers jours, confirment un problème de pilotage des projets.

Présentés aux représentants du personnel la semaine dernière, et aux agents (sous forme de webinaire) ce jeudi, les résultats du baromètre réalisé en interne à l’Eurométropole viennent objectiver les ressentis. « Besoin de repères et de cadre » La synthèse de l’enquête menée auprès de l’ensemble des effectifs (6 650 permanents fin 2019, fonctionnaires et contractuels) par le cabinet de conseils en management Pragma relève des points positifs.

Tout d’abord un retour du questionnaire par plus de 50 % de la population ciblée. Puis : « Le corps social (audité, NDLR) aime son travail, trouve qu’il fait sens. Il est fier d’appartenir à l’institution et apprécie les relations entre collègues ».

Le rapport, dont nous avons pu lire une trentaine de pages, précise que cette situation est « caractéristique de la fonction publique ». Mais, poursuit la synthèse, ces mêmes agents ont « besoin de repères et de cadre suite à la crise et aux changements récents ». Notamment une organisation nouvelle présentée en juillet 2021.

Dans le détail, 36 % des répondants considèrent que leurs « conditions de travail ne leur permettent pas d’être efficaces ». 41 % disent ne « pas disposer du temps nécessaire ». 38 % « N’obtiennent pas facilement les décisions dont ils ont besoin ».

Les managers, plus particulièrement, semblent à la peine. À 36 %, ils déclarent « ne pas être à l’aise pour expliquer les orientations politiques » ni « pour les mettre en œuvre ». Seuls 20 % des managers de proximité considèrent que « les modes de collaboration avec les élus sont satisfaisants ». Près de la moitié des managers stratégiques sont dans le rouge pour ce qui concerne la charge de travail.

En conséquence logique de quoi 45 % de l’ensemble des répondants disent ne pas « connaître clairement les objectifs et priorités de leur direction ». Le cabinet conseil traduit, dans sa synthèse : « Les répondants ne se sont pas encore approprié le projet des élus et ont besoin de trouver un mode de collaboration plus satisfaisant avec eux ».

Enfin, la bonne coopération interservices fait défaut pour 39 % des interviewés. Et 59 % répondent « pas du tout » ou « plutôt non », lorsqu’on leur demande si, depuis un an, « ils ont le sentiment que le fonctionnement interne de la Ville et de l’EMS s’améliore ».

« Une gouvernance fortement descendante » Pour ne rien arranger, la politique RH se trouve sévèrement égratignée : plus de 60 % des répondants estiment, par exemple, que les critères de promotion ne sont « pas clairs », presque 60 % les trouvent « inéquitables ». Cet état des lieux problématique n’est pas une surprise en soi.

À l’occasion d’une lettre ouverte partagée à l’ensemble des élus de la collectivité, la CFDT de l’Eurométropole alertait déjà en mars sur « une illisibilité pour les managers dans l’accompagnement des équipes, et une feuille de route non priorisée ». « L’équipe précédemment au pouvoir avait l’expérience » Du côté de la CFDT, la secrétaire générale pour l’EMS Catherine Kopp relève : « Nos constats du mois de mars recoupent ceux du baromètre concernant la perte de sens au travail et le manque de visibilité sur les politiques engagées ». « On se situe bien dans un problème de pilotage et d’arbitrage ». Lorsqu’on lui demande ce qui pose spécifiquement problème, selon elle, avec cet exécutif, elle précise. « L’équipe précédemment au pouvoir avait l’expérience. Leurs objectifs étaient posés et accompagnés, même avec d’autres soucis pour nous, comme des moyens moindres. 

Du côté de la CGT, Gilles Dimnet, secrétaire général adjoint pour l’EMS, est plus circonspect. « Nous aurions aimé intégrer dans le questionnaire des points sur les violences sexistes, par exemple, mais il n’a pas été donné suite à notre proposition. »

« Dans l’ensemble, poursuit Gilles Dimnet, j’ai un mal fou à commenter ces résultats. » « Ils sont trop vagues, et nous attendons toujours leur déclinaison service par service qui permettrait d’affiner l’approche par métiers. » « On suspecte, sans avoir de réponse claire là-dessus, que les agents d’exécution n’ont pas répondu de manière massive au questionnaire et qu’on biaise un peu, de ce fait, la synthèse finale. »

Comme sa collègue de la CFDT, le cégétiste relève qu’un webinaire pour la restitution du baromètre, ce jeudi matin, n’est pas adapté à tous les agents. Et qu’il faudra diffuser l’information de manière complémentaire par d’autres voies.